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Date d'inscription : 29/05/2007
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07072011
Vous trouverez ci-dessous une lettre ouverte du Jeune Orchestre des Lumières à l'attention de M. Gérard Collomb, Maire de Lyon. Celle-ci explique les difficultés rencontrées par le JOL depuis sa création en 2009 face à la politique culturelle menée par la ville.


Y-a-t-il encore une place pour les « petits » de la culture à Lyon ?

Le Jeune Orchestre des Lumières, créé en avril 2009 et destiné à proposer une saison musicale dense portée sur le travail de jeunes musiciens, passe par une vision fondamentale : le plaisir. Il accueille des musiciens de tous horizons, de tous niveaux, qui expriment leur passion pour la musique en dehors de toute institution, et qui se retrouvent avant tout dans cette notion de plaisir. Ainsi, il s'est avéré que les musiciens du JOL auront été en majorité des « amateurs » (par définition toute personne qui pratique une activité artistique bénévole et qui tire ses moyens habituels d'existence de salaires ou de revenus étrangers à cette activité), qui se retrouvent véritablement dans le projet, qui expriment un réel besoin de musique, et qui ne trouvaient pas jusqu'à la création du JOL ce lieu d'expression qui est essentiel à leur équilibre personnel (et souvent professionnel). Ceci étant, plusieurs jeunes musiciens des écoles de musique et Conservatoire du Grand Lyon ont également apprécié le JOL comme un espace de rencontre et d'épanouissement qu'ils n'auraient pu trouver dans le contexte de l'apprentissage de leur instrument, mais qui forme au contraire une occasion de travailler tout au long de l'année et non en courtes sessions ponctuelles, dans un répertoire varié et toujours ambitieux.

Les saisons 2009-2010 puis 2010-2011 furent de belles réussites, et nous sommes très heureux d'avoir pu partager ces moments intenses avec un public nombreux, notamment lors de la Fête des Lumières 2010.

Malheureusement, nous nous sommes vus contraints en avril 2011 d'annuler la dernière session de la saison, par manque de moyens financiers et logistiques, remettant ainsi totalement en cause le fonctionnement de l'orchestre, voire son existence même.

Cette annulation forcée mais certainement inéluctable survient alors que le JOL aura tenté de développer à court terme des initiatives telles que la mise en valeur d'un répertoire méconnu (J. M. Kraus, G. Onslow, etc.), des tarifs très attractifs voire la gratuité lors de la Fête des Lumières 2010 afin de coller au mieux à l'esprit de l'évènement, la 1ère édition de son concours de création musicale afin de révéler les compositeurs de demain, et des partenariats pédagogiques avec les Universités lyonnaises, le Secours Populaire ou encore la librairie Decitre. Par ailleurs, l'orchestre a toujours mis un point d'honneur à mettre en valeur le travail de ses musiciens en leur offrant l'opportunité de se produire à Paris à deux reprises, mais aussi à Grenoble, Annonay, et Dijon.

Aux vues du dynamisme et de l'audace dont a tenté de faire preuve le JOL depuis ses débuts, il était primordial qu'un appui significatif de la ville de Lyon se dessine rapidement, particulièrement dans la recherche d'un lieu de répétition fixe et de financements. Mais malgré un premier rendez-vous encourageant avec la direction des affaires culturelles, puis un courrier adressé à M. Képénékian, adjoint à la Culture à la Mairie de Lyon en octobre 2010, le silence lourd de conséquences de la ville de Lyon atteint son paroxysme au printemps 2011, lorsque nous apprenons qu'aucune subvention ne sera versée au JOL. Nous écrivions pourtant en octobre 2010 à M. Képénékian : « le soutien de la ville de Lyon va ainsi, maintenant, conditionner l'avenir de l'orchestre, et nous espérons que vous répondrez positivement à notre appel ». Celui-ci n'a absolument pas été entendu, et la ville de Lyon n'aura donc soutenu le JOL ni financièrement, ni logistiquement, ni en termes de valorisation ou d'appui auprès des grandes institutions pour les saisons 2010-11 et 2011-12. Et près de 50 musiciens, consternés par la disparition possible du JOL, courent maintenant le risque d'être sans orchestre à partir de septembre 2011.

Seul l'Opéra de Lyon fut un soutien fidèle et précieux en mettant à notre disposition une salle de répétition lorsque cela leur était toutefois possible. A la création du JOL, l'Auditorium de Lyon a refusé d'héberger des répétitions de l'orchestre sous prétexte qu'il y avait concurrence avec l'Académie de l'ONL, alors que celle-ci ne se rassemble que quelques jours durant les vacances de Toussaint, puis de Printemps. L'Auditorium qui est, soulignons-le, la seule salle de concert de qualité à Lyon équipée pour accueillir naturellement un orchestre de type symphonique... De même, en septembre 2010, après seulement un an d'aide logistique, le Conservatoire de Lyon (CRR), a décidé de ne plus soutenir le JOL, indiquant qu'il « ne souhait[ait] pas que [leur] matériel soit utilisé à d'autres fins que des évènements relatifs au CRR ». Il rappelle « qu'il existe des loueurs d'instruments et que le CRR n'a pas vocation à concurrencer ce champ d'activités ». Dans le même temps, le Conservatoire lançait un orchestre amateur. Celui-ci ne verra jamais le jour pour la saison 2010-2011, mais son principe renie toute opportunité de coopération et de mutualisation de moyens, et démontre parfaitement l'écrasante suprématie d'une telle institution.

De trop nombreux conservatoires français tendent ainsi à créer des élites de musiciens en méprisant la notion de plaisir de jouer ensemble et en ne les encourageant pas à explorer d'autres univers, découvrir d'autres mentalités, rencontrer de nouvelles personnes, différentes et riches à leur manière. C'est pourtant ainsi que chaque serviteur de la musique doit se sentir connecté au monde qui l'entoure, et encore plus intimement aux autres acteurs de la musique, quelles que soient leurs origines et leur formation.

La solidarité, la diversité et l'ouverture d'esprit intrinsèques à l'exercice d'une pratique artistique riche et vivante sont négligées par les grandes institutions au détriment des « petits », que la ville de Lyon elle-même délaisse.

Il est évident que le mécénat d'entreprise touche principalement ces institutions qui ont une image à offrir à la société qui les soutiendra, mais le danger actuel est que l'art ne devienne plus une fin en soi, mais un moyen d'oeuvrer seulement en faveur de la cohésion sociale, qui doit certes en découler, mais pas l'occulter. Christophe Monin, responsable du mécénat au Musée du Louvre, note d'ailleurs dans un article du journal Le Monde du 24 mars 2011 que « le discours auquel sont sensibles les entreprises aujourd'hui ne passe plus par la beauté de l'art mais par la culture comme facteur d'équilibre de la société ».
La politique culturelle de la ville de Lyon ne saurait donc être pérenne et valorisante si elle repose uniquement sur ses institutions et les réseaux qui les relient. Elle ne peut également se contenter de faire valoir des Grands Evènements comme l'a illustré l'échec de "Lyon 2013" (candidature à l'attribution du titre de Capitale européenne de la culture). En marge de dispositifs largement inadaptés pour des projets de grande envergure (mais qui ne rentrent pas dans cadre dit « professionnel » tel qu'il est reconnu par le Ministère de la Culture ou par la Région Rhône-Alpes) et de l'invitation des collectivités à établir des partenariats souvent insensés avec d'autres associations, il serait essentiel de créer un maillage dense entre institutions et associations culturelles, qui sont les relais directs des besoins des citoyens de la ville.

Le Jeune Orchestre des Lumières est aujourd'hui une des victimes de cette politique, et nous espérons que cet appel, rédigé sous l'impulsion des musiciens et de l'équipe administrative et artistique du JOL, sera cette fois entendu par la ville de Lyon.
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