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Gilles Roman
Gilles Roman
Admin
Date d'inscription : 04/05/2015
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01062020
Revenu à Lyon pour « faire barrage à Laurent Wauquiez », Gérard Collomb s’est finalement rallié au candidat LR pour la Métropole, François-Noël Buffet. 
Comme si tout était préférable aux yeux du baron de Lyon, que de laisser s’émanciper ses anciens dauphins et alliés. Malgré cette volte-face impressionnante, les écologistes restent les grands favoris pour décrocher la ville de Lyon et probablement sa Métropole. 
L’analyse de Raphaël Ruffier-Fossoul,
Lyon - Les chroniques de l'Arrière cour : Gérard Collomb, le baron sombre ! Gzorar10
« À quel moment cela a-t-il déraillé, monsieur Collomb ? » Répondant à la question d’Elizabeth Martichoux sur LCI, Gérard Collomb a daté sans surprise le début de ses ennuis à son départ de Lyon pour la place Beauvau en mai 2017. « Quand je suis parti, je pensais que je pouvais confier à certains de mes amis la présidence de cette assemblée. Très vite, j’ai vu qu’ils prenaient leur indépendance et qu’ils suivaient une autre ligne politique que la mienne. Et donc, j’ai commencé à trouver que la trajectoire déviait et que la ville de Lyon qu’ils étaient en train de construire n’était pas celle dont je rêvais. » Il faut croire que Gérard Collomb rêve d’une ville qui laisse les mineurs isolés à la rue, puisque les premières anicroches avec son successeur à la Métropole, David Kimelfeld, se sont produites lorsque ce dernier a mis en œuvre une prise en charge de ces jeunes. « Sur les questions migratoires, j’avais dit voici quelques années qu’il n’y avait pas l’épaisseur d’un papier à cigarette entre Gérard Collomb et Laurent Wauquiez : je me suis fait engueuler par beaucoup d’élus proches de Collomb à l’époque et qui, aujourd’hui, réalisent enfin que j’avais raison », fulmine Olivier Brachet, l’un des plus farouches opposants de Gérard Collomb après avoir été son vice-président au logement et même son directeur de campagne lors du dernier mandat.

« Il ne faut pas que l'on nous mette des vélos partout »

Il est un des seuls à ne pas avoir été surpris par l’annonce du soutien de Gérard Collomb au candidat LR François-Noël Buffet. Depuis jeudi, les réseaux sociaux résonnent des annonces de démissions d’élus et d’adjoints proches de Gérard Collomb. « Je suis triste, je n’imaginais pas terminer mon mandat ainsi, mais je suis résolue : impossible de continuer à travailler en commun avec Gérard Collomb-Yann Cucherat dans ces conditions… », poste l’adjointe Thérèse Rabatel en annonçant sa démission, concomitante à celle de trois collègues. « J’assiste avec une profonde tristesse à l’effondrement des valeurs de Gérard Collomb », souligne dans un communiqué son ancien premier adjoint Jean-Louis Touraine, député LREM. « C’est la pire image qu’un homme politique puisse donner, et qui donne raison à celles et ceux qui dénigrent la classe politique », ajoute Georges Képénékian, qui fut pourtant un ami proche et a cru jusqu’au bout la réconciliation possible. « Collomb vient de dire pour justifier l’alliance avec LR : “Il ne faut pas que l’on nous mette des vélos partout”… c’est délirant. Et c’est quoi le problème avec le vélo ? Je suis effondré », s’étrangle l’élu du 7e Romain Blachier, jusque-là fidèle à Gérard Collomb.
Même parmi ceux qui avaient perdu leurs illusions à propos de leur ancien « camarade », le choc a parfois été rude. « Quand Georges Képénékian raconte sa sidération devant sa télévision au moment de l’annonce, il est sincère », abonde Jean-Jack Queyranne, ancien président de la Région. « Tous les “collombistes” de ma génération sont atterrés. C’est tout un tas de combats avec Collomb qui s’effondrent, avec ce que cela signifiait d’engagements. » Lui est convaincu que le rapprochement entre Laurent Wauquiez et Gérard Collomb s’est opéré l’été avant les régionales de 2015, sur son dos : « On m’a même dit qu’il y a eu une rencontre entre eux, sous le patronage d’un grand industriel lyonnais. Je n’en sais rien, je n’ai pas de preuve, mais il est certain que leur alliance s’est dessinée à ce moment-là. Président sortant, j’avais le soutien de toutes les fédérations PS de la Région, sauf celle de Lyon, qui a refusé de financer la campagne et a fait sortir – sur les ordres de Collomb – 15 candidats de mes listes. David Kimelfeld, qui était premier secrétaire et proche de Collomb à l’époque, avait même interdit aux militants de distribuer nos tracts. J’ai été contraint de ne faire campagne à Lyon qu’avec les radicaux et mes colistiers, et pourtant, à la grande surprise de Gérard Collomb, nous avons réalisé un excellent score à Lyon : 49%, alors qu’il croit toujours au “pradélisme” municipal et que la ville est au centre-droit. »
Quant au « grand industriel », on devine facilement qu’il pense à Olivier Ginon, patron de GL events, dont on connaît la proximité avec un Gérard Collomb qui lui a permis d’instaurer un monopole de fait sur les événements d’affaires majeurs de l’agglomération, bien qu’il ait été le grand financeur de Charles Millon puis de Laurent Wauquiez. Ceci dit, même Jean-Jack Queyranne n’imaginait pas un ralliement public de Gérard Collomb au candidat de Laurent Wauquiez.

Revenu à Lyon pour faire "barrage à Wauquiez"

L’ironie de l’histoire, c’est qu’il y a 18 mois à peine, Gérard Collomb avait justifié son départ du ministère de l’Intérieur et son retour à Lyon au nom d’un « péril Wauquiez » contre lequel il aurait incarné le seul rempart possible. Encore et toujours le thème du « front républicain » contre « la droite extrême », socle de la victoire de Gérard Collomb en 2001 et qu’il a usé, jusqu’à la corde, lors de tous les scrutins suivants, toujours prompt à dénoncer la moindre accointance avec la droite dite « dure ». C’était l’époque tout de même pas si lointaine où il twittait : « Laurent Wauquiez incarne une droite dure, radicale, clivante. Bien loin de l’héritage de Jacques Barrot à qui il a succédé. » Une époque où ses proches houspillaient les journalistes qui peinaient à croire que la « droite Wauquiez » représente une quelconque « menace » dans une ville qui s’est largement déportée sur la gauche, à l’image de la plupart des grandes agglomérations. Une époque où il aurait été difficile de prévoir qu’au final, c’est Gérard Collomb lui-même qui lui ferait la courte échelle.

« On n’avait encore jamais vu un ministre de l’Intérieur tirer à boulets rouges sur son propre bilan »

Nous serions tenté d’y voir le moment précis où tout a « déraillé ». Quand, à la stupéfaction générale, le numéro 2 du gouvernement, le plus ancien soutien du président, annonce son départ d’une manière précipitée et pour tout dire incompréhensible. Même à Lyon, le sentiment général semble être que l’on n’abandonne pas de la sorte une fonction aussi éminente. Il faut dire que l’on n’avait encore jamais vu un ministre de l’Intérieur tirer à boulets rouges sur son propre bilan au moment de partir, dressant un terrible portrait des « quartiers populaires » « aujourd’hui, c’est la loi du plus fort qui s’impose, celle des narcotrafiquants, des islamistes radicaux qui ont pris la place de la République ». Durant ses 18 mois place Beauvau, l’ancien et futur maire de Lyon n’avait pourtant jamais donné l’impression d’une telle urgence de la situation sécuritaire dans le pays, consacrant l’essentiel de ses déplacements… à sa ville, où les Lyonnais ont pu le revoir tous les week-ends, comme s’il n’y avait rien de plus urgent en France que le forum des associations du 6e arrondissement. À tel point que, lorsque l’ouragan Irma a ravagé Saint-Martin et Saint-Barthélemy, le cardinal Barbarin s’était agacé de voir le ministre de l’Intérieur au premier rang du traditionnel « vœu des échevins » à la basilique de Fourvière, plutôt que dans les Caraïbes pour « apporter du réconfort à des populations qui souffrent tant », ce qui était, précisa-t-il cinglant, « votre devoir et notre choix ».

« Gérard Collomb dit souvent : “je l’ai fait”, “je l’ai façonné”, “il me doit tout” »

Le retour à Lyon ressemble avant tout à un acte de panique, en raison d’une situation politique locale qui commence à lui échapper. Or, contrairement à ce qu’il peut prétendre, au moment où il décide de rentrer à Lyon, sa majorité n’est nullement menacée. Ses successeurs à Lyon (Georges Képénékian) et à la Métropole (David Kimelfeld) font plutôt consensus parmi des élus qui apprécient de se voir confier davantage de responsabilités. Les milieux économiques autant que culturels se félicitent de ce renouvellement dans la continuité. Et s’il avait annoncé à cette époque son retrait au profit des successeurs qu’il avait lui-même choisis, il est assez probable que les deux auraient obtenu l’assurance de leur réélection dès le premier tour des municipales et des métropolitaines.
Mais Gérard Collomb n’avait aucune envie de s’effacer et ne supportait pas la prise d’autonomie de ses anciens dauphins. Comme toujours, il considère que les élus de sa majorité lui doivent tout et ne sont rien sans lui, faisant au passage bien peu de cas de leurs parcours respectifs. « Gérard Collomb dit souvent : “je l’ai fait”, “je l’ai façonné”, “il me doit tout” », confiait ainsi David Kimelfeld, avant même d’officialiser sa « rupture », dans le documentaire De Gérard à Monsieur Collomb, itinéraire d’un baron (lien ci-dessous). « Je suis toujours un peu surpris de ces propos, parce que je n’étais pas en train de tourner autour de lui pour avoir un emploi. J’ai sans doute appris la politique avec lui, cela me sert beaucoup aujourd’hui, mais c’est un champ restreint qui se limite à la politique. »

« Tu te fourvoies »

Parmi les rares socialistes restés fidèles à Gérard Collomb et présents à la fameuse conférence de presse annonçant le rapprochement avec la droite, Franck Lévy veut croire que « cette histoire est plus psychologique que rationnelle » du côté des ex-dauphins émancipés : « Ils disaient que le problème, c’était Gérard Collomb, mais même quand il se retire, cela ne suffit toujours pas », soupire-t-il. Selon la version officielle, Gérard Collomb aurait donc tendu la main aux deux hommes qui lui auraient « claqué la porte au nez ». Une version qui a du mal à convaincre, tout comme le choix de cette alliance « contre nature », ainsi qu’il a pu le constater sur sa propre page Facebook où l’on ne trouve que difficilement, parmi ses « amis », des commentaires qui l’approuvent ou au moins la comprennent. À l’inverse d’un flot de « non, pas toi », de « mais comment ? », de « Remember 1998 », de « tu te fourvoies »…
Selon l’entourage de David Kimelfeld, la réalité est bien différente. Celui à qui LREM envisage de confier l’investiture que le parti a immédiatement retirée au maire de Lyon, n’aurait pas fermé la porte à des discussions. En réalité, il n’a eu aucune nouvelle de Gérard Collomb jusqu’à ce qu’il découvre, selon des déclarations de ce dernier sur le site de France 3, qu’ils étaient proches d’un accord. Rendre publiques des discussions avant même qu’elles aient eu lieu, cela revient, en politique, à s’assurer de leur échec. Gérard Collomb a-t-il seulement envisagé de se désister en faveur de son ancien dauphin, qui l’a nettement devancé au premier tour du scrutin métropolitain ? Lorsque nous avons posé cette question à la sortie de la conférence de presse, c’est Roland Bernard, l’ami fidèle de Gérard Collomb, qui s’est chargé de répondre… d’un tonitruant éclat de rire. Collomb et Kimelfeld avaient pourtant en commun d’avoir revendiqué l’étiquette LREM. Et l’addition de leurs deux scores aurait fait d’eux les grands favoris du second tour à la Métropole. Mais les divisions et la haine ont été plus fortes.

« Gérard Collomb aime bien les romances »

Gérard Collomb s’y est pris tout autrement pour négocier son rapprochement avec la droite, multipliant les échanges discrets avant leur officialisation. Selon sa version, c’est lui qui a spontanément renoncé à la présidence. « Gérard Collomb aime bien les romances », sourit François-Noël Buffet lorsqu’on lui rapporte ce propos. « Contrairement à ce que dit Collomb, il n’est pas arrivé en donnant les clés », assure Jean-Jack Queyranne. « Il y a eu une double pression : à droite, pour dire qu’ils ne voulaient pas de Collomb, et sans doute à gauche, par ceux pour qui l’accession d’Étienne Blanc à la mairie de Lyon marquait le triomphe de Charles Millon dont il était l’ancien bras droit. Cela a forcé Collomb et Blanc à se mettre en retrait au profit de Buffet à la Métropole et de Yann Cucherat à la Ville. »

Collomb veut continuer à jouer un rôle

Gérard Collomb a-t-il vraiment renoncé, cependant ? La lassitude manifeste des électeurs au premier tour, qui l’ont relégué (avec 15,7%) à une humiliante quatrième place, a sans doute fini de le convaincre qu’il devrait jouer un peu plus profil bas au deuxième tour… pour mieux revenir au troisième, celui où les nouveaux élus métropolitains éliront le président de la Métropole. Il a le droit d’y penser. Car Gérard Collomb n’a jamais annoncé son retrait ; bien au contraire, il a expliqué, en marge de la conférence de presse, qu’il entendait bien occuper à l’avenir un rôle dans l’exécutif et faire en sorte que « Yann Cucherat et François-Noël Buffet restent dans la bonne trajectoire ». « J’ai beaucoup de qualités mais le pouvoir, c’est quelque chose que je ne partage pas », nous répond François-Noël Buffet. Au risque de lui être désagréable, l’analyse électorale rend très peu probable son accession effective à la présidence de la Métropole. Candidat pour la quatrième fois à ce poste, le sénateur et ancien maire d’Oullins risque bien d’être à nouveau le dindon de la farce. Comme en 2001, lorsque, le jour du scrutin, il avait la certitude de disposer d’une majorité mais que la défaillance dans l’isoloir d’une partie des élus de droite et du centre avait finalement ouvert un boulevard à Gérard Collomb. Certains y avaient vu l’œuvre des réseaux francs-maçons, qui ont sans doute été des facilitateurs mais dont on fantasme souvent l’influence et surtout l’unité. Cette fois, Jean-Jack Queyranne est convaincu qu’ils ont « joué un rôle » dans le rapprochement de François-Noël Buffet et Gérard Collomb. Pourtant, certaines figures de la maçonnerie lyonnaise sont aujourd’hui trop en opposition avec Gérard Collomb pour laisser penser que les « frères » se rallieront comme un seul homme. Il est en revanche probable que François-Noël Buffet aura une fois encore du mal à faire le plein à droite, alors que de nombreux élus se sont étranglés à l’ouverture des discussions avec Gérard Collomb, leur ennemi d’hier, et n’attendent qu’une occasion pour se débarrasser d’un sénateur respecté parmi ses pairs mais qui n’a pas impressionné par sa détermination à mener campagne.

Le renfort de Collomb pourrait ne pas suffire

Le principal problème de François-Noël Buffet est ailleurs, cependant : les résultats du premier tour ne lui sont clairement pas favorables, comme on peut le voir dans les scénarios de projections réalisés par L’Arrière-Cour.
Alors certes, il est pratiquement impossible de savoir comment se comporteront les électeurs dans un contexte économique et sanitaire qui bouscule bien des certitudes. Peut-être seront-ils sensibles au discours très « pro-business » développé par le tandem constitué de l’agrégé Collomb et de l’avocat Buffet, qui cumulent ensemble plus de 150 ans de mandats électifs. Peut-être au contraire seront-ils convaincus que le modèle de développement de la métropole a besoin d’être réinventé, et que le président sortant David Kimelfeld ou l’écologiste Bruno Bernard, tous deux anciens chefs d’entreprise, seront mieux à même d’y parvenir. C’est une nouvelle campagne qui commence, avec quatre semaines de possibles rebondissements, et aucun observateur ne se risque à une analyse définitive. Le scénario le plus probable n’en reste pas moins une confirmation au second tour des tendances qui se sont dégagées au premier. Si elles sont renforcées, alors l’alliance des écologistes et de la gauche l’emportera non seulement à Lyon, où ils sont d’ores et déjà les grands favoris, mais aussi à la Métropole où ils prendraient ainsi la tête – et de loin – de la plus importante collectivité qu’ils aient jamais dirigée en France. 
En l’absence d’une telle vague, il se pourrait bien qu’aucune majorité ne se dégage et que l’on ait besoin d’un profil rassembleur. David Kimelfeld semble avoir naturellement quelques arguments dans ce cadre. Mais on le parierait : Gérard Collomb est convaincu qu’il en aurait tout autant. 
Raphaël Ruffier-Fossoul
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