Le 16 septembre c'est la Journée du Préservatif ... au Féminin
Le préservatif féminin, ce mal aimé
« Si les apparences sont quelquefois contre moi, je ne suis pas ce que l'on croit, je suis un mal aimé » chantait Claude François.
Un "sac poubelle", une "tente Quechua" : c'est sûr, on a vu plus sexy que le préservatif féminin. Voilà les retours que connait régulièrement le préservatif féminin face à son homologue masculin. On a beau dire, le préservatif féminin ne fait pas vraiment rêver.
Et pourtant, c'est la seule méthode contrôlée par les femmes permettant à la fois de se protéger contre les grossesses non désirées et contre le VIH. A l'occasion de la Journée Mondiale du préservatif féminin, le Laboratoire Terpan revient sur cet objet de controverse avec le sociologue Janine Mossuz-Lavau, auteure de la vie sexuelle en France, paru en septembre 2018 aux Editions de la Martinière.
Pourquoi est-il si mal aimé ?
Le préservatif féminin est super moche, paraît volumineux et peu confortable. MAIS : il n'est pas plus moche ou inconfortable que le préservatif masculin, en fait. Et on peut le poser à l'avance (jusqu'à 8 heures avant un rapport). Et le côté "sac poubelle" du préservatif féminin n'est pas plus gênant que l'impression de « cellophane » du préservatif masculin.
Mais alors pourquoi est-il si mal aimé ? Selon le Laboratoire Terpan, il souffrirait de représentations très négatives liées au fait que la protection est plutôt une affaire d'hommes.
« Aujourd'hui, 420 préservatifs masculins sont fabriqués pour un féminin, et nous sommes le seul grand distributeur du leader mondial du préservatif féminin sur le marché aujourd'hui », explique le laboratoire Terpan.
Ce que confirme un sondage effectué par le laboratoire Terpan en 2017 auprès de plus de 500 sondées : l'homme a toujours les « cartes » « préservatifs » en main. Il est à l'initiative de la sortie du préservatif à plus de 60% ! Il serait donc le détenteur du pouvoir contraceptif lors des relations sexuelles.
constat : les freins seraient surtout culturels. « Les femmes ont peut-être peur de cet objet, qui les renvoie à un rapport compliqué à leur propre corps, qu'elles connaissent parfois mal. Et la crainte du regard du partenaire n'arrange rien. Ces freins se retrouvent partout dans le monde. C'est aussi la conséquence d'une non-reconnaissance de la sexualité des femmes et des jeunes filles. Il existe aussi une réticence à leur voir prendre des initiatives », indique le sociologue Janine Mossuz-Lavau.
Bien que l'on soit en 2019, il règne toujours un tabou autour du corps des femmes, et l'intimité féminine n'est que trop rarement mise en valeur. Dans l'Art ? Alors que les statues ou les peintures d'hommes nus remplissent les musées, le sexe des femmes est habituellement caché. D'un point de vue éducatif ? Même l'école lui fait la tête au point que certains manuels scolaires ne le mentionnent pas. Les réseaux sociaux ? Facebook et Instagram censurent tétons et « boutons de plaisir ». Dans les médias ? Il faut attendre 1998 pour voir apparaître le premier sondage sur le clitoris.
« Manuels scolaires, cours d'éducation sexuelle... L'anatomie féminine ne jouit pas d'un flot d'informations grand public. La représentation que l'on se fait du sexe féminin passe souvent par les pornos. Il a fallu une campagne récente des associations féministes pour que l'on se mette à parler du clitoris au même titre que d'autres organes sexuels", poursuit le sociologue Janine Mossuz-Lavau.
Ce que confirme le sondage Terpan : 4 femmes sur 5 savent situer leur clitoris. 53% d'entre elles déclarent l'avoir découvert de manière neutre, anatomique. Et surtout, 43% l'ont découvert comme objet de plaisir. Oui mais... 35% déclarent ne l'avoir jamais vu ! Et un autre tiers seulement une fois ou deux. Les raisons ? « Ce n'est pas beau », « Je n'ai pas ressenti le besoin de l'observer », ou encore... pire ! « Je n'ai pas osé (tabou) ».
Alors que le corps masculin et son anatomie bénéficient d'une exposition assumée à travers le temps, le corps féminin et son intimité restent cachés. Constat : au XXIe siècle, des femmes sont encore mal à l'aise avec l'aspect de leur sexe et donc de leur contraception.
Bien moins connu que son homologue masculin, le préservatif féminin est efficace à 99,2%.
Le préservatif féminin protège le col, le vagin, les organes génitaux externes et le pénis des IST. Délivré sans prescription médicale, il peut être associé à la prise d'un contraceptif hormonal et au port d'un dispositif intra-utérin. Contrairement au préservatif masculin, le modèle féminin peut :
- S'appliquer 8 heures avant un éventuel rapport sexuel. Et s'avère tout aussi efficace s'il est mis dans les minutes précédant le passage aux choses sérieuses. Idéal pour ne pas interrompre les préliminaires et proposer une alternative aux hommes sujets aux troubles de l'érection au moment d'ouvrir le petit carré de plastique ;
- Être utilisé avec tous les types de lubrifiants , à base d'eau, de silicone, ou d'huile ;
- Maintenir un bon niveau de sensation. Aussi résistant que doux, il conserve une part des sensations et la chaleur interne. Autre avantage, en fonction de l'anatomie de chacune, l'anneau peut entrer en contact avec le clitoris et donc stimuler cette zone érogène.
Il serait aujourd'hui bénéfique de faire du préservatif féminin un vrai choix, mis au même niveau que les autres modes de protection et contraception. Au-delà de l'efficacité (incontestée) du préservatif féminin, il constitue très concrètement une appropriation raisonnable, par les femmes, d'un contraceptif et d'une protection contre les IST dont l'utilisation est réellement décidée en concertation avec le/la partenaire
Un petit dessin pour bien comprendre ?
Personne n'irait vous dire que l'utilisation du préservatif est une chose merveilleuse, un paradis absolu de l'érotisme, ou la réponse à toutes nos attentes sexuelles. En revanche, on dit, écrit et répète que se protéger contre les IST et utiliser une contraception fiable est une nécessité absolue. Le choix étant médicalement et psychologiquement compliqué pour certaines personnes, il semble qu'une alternative supplémentaire n'est jamais de trop. Le préservatif féminin est l'une d'entre elles. Et pas des moindres.
Le préservatif féminin, c'est comme le préservatif masculin ou les Tampax : un simple coup de main à prendre et un terrain à apprivoiser. En général, on se contente d'explications textuelles, pour éviter de montrer des sexes féminins. Pour honorer la journée mondiale du préservatif féminin, voici une planche d'illustrations didactiques. Regardez :
Cliquez ici pour mieux visualiser la technique d'insertion du préservatif féminin.
- Edition : L'Etudiant en format papier mais aussi et surtout sur internet
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- Namass Pamouss Nouvelle date et nouvelle salle mais toujours un aussi grand cœur !
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