Covid_19: Pour l'OCDE, la sortie de crise passe par la réduction des énergies fossiles
Ven 5 Juin - 16:32
Selon l’OCDE et l’AIE, les gouvernements devraient profiter des actions de relance post‑COVID‑19 pour éliminer le soutien aux énergies fossiles
Il ressort des données de 2019 que le soutien à la production d’énergies fossiles a globalement augmenté de 38 %
Au moment où, face à la crise du COVID‑19, les gouvernements sont en train de concevoir des mesures de relance de l’économie, ils devraient profiter du niveau exceptionnellement bas des prix du pétrole pour réorienter une partie des 500 milliards USD dépensés chaque année afin de soutenir les énergies fossiles, vers des investissements durables, y compris dans les énergies bas carbone, estiment l’OCDE et l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
D’après l’étude de l’OCDE et de l’AIE portant sur 77 économies, le soutien public à la production et à la consommation d’énergies fossiles a atteint un total de 478 milliards USD en 2019. Ce chiffre indique une diminution globale par rapport à 2018, car du fait de la baisse des prix du pétrole, les pouvoirs publics ont dépensé moins pour subventionner la consommation d’énergie des utilisateurs finaux. Toutefois, les données font aussi état d’une hausse de 38 % du soutien direct et indirect en faveur de la production d’énergies fossiles dans 44 économies avancées et émergentes.
« C’est avec tristesse que je constate un relâchement des efforts visant à éliminer progressivement le soutien aux énergies fossiles. Cette hausse des subventions à la production semble devoir se poursuive en 2020, certains pays prévoyant d’aider ce secteur et les activités connexes », a déclaré Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE. « Utiliser l’argent public pour subventionner les énergies fossiles est inefficace et ces aides aggravent les émissions de gaz à effet de serre et la pollution de l’air. Si notre tout premier souci aujourd’hui doit être d’aider les économies et les sociétés à traverser la crise du COVID‑19, nous devons saisir cette occasion pour réformer les subventions et employer les fonds publics de la façon qui bénéficiera le plus aux gens et à la planète. »
En 2009, les pays du G20 se sont engagés à supprimer graduellement les subventions inefficaces aux combustibles fossiles. Outre qu’elles encouragent la consommation, les subventions aux énergies fossiles ne sont pas un moyen efficace de soutenir les ménages à bas revenu, comparées à des allocations ciblées, et elles tendent à favoriser les ménages aisés qui consomment plus d’énergie. L’argent dépensé pour soutenir le charbon, le pétrole et le gaz pourrait être à la place investi dans les infrastructures, la recherche et la formation professionnelle nécessaires aux énergies renouvelables. Á l’ère du COVID‑19, ces subventions absorbent des ressources qui pourraient aller renforcer la préparation et la résilience des systèmes de santé, par exemple.
L’ estimation combinée de l’OCDE et de l’AIE indique que le soutien aux énergies fossiles, dont le montant était de 582 milliards USD en 2018, a reculé de 18 % en 2019. Cette baisse résulte essentiellement de l’effet mécanique de la chute des cours mondiaux du pétrole sur les subventions à la consommation. S’agissant de la production, si plusieurs pays ont réduit leur soutien à l’extraction de charbon et aux centrales électriques à charbon, d’autres ont accru leur aide aux secteurs pétrolier et gazier, principalement en investissant dans les infrastructures, en consacrant des ressources budgétaires au désendettement d’entreprises et en accordant des avantages fiscaux pour les dépenses de production.
D’après l’analyse de l’OCDE sur les transferts budgétaires, les allégements fiscaux et les programmes de dépenses liés à la production et à l’utilisation de charbon, de pétrole, de gaz et de produits pétroliers dans 44 pays de l’OCDE et du G20, le soutien total aux énergies fossiles a augmenté de 10 % en 2019 pour atteindre 178 milliards USD, rompant avec cinq années consécutives de baisse. (Voir l’inventaire de l’OCDE des mesures de soutien aux énergies fossiles et une série de graphiques illustrant le soutien par énergie, secteur d’activité et indicateur.)
L’AIE a analysé les interventions gouvernementales qui maintiennent les prix à la consommation à un niveau artificiellement bas dans 42 économies, et il en ressort que les subventions correspondantes ont diminué de 120 milliards USD en 2019, en grande partie à cause de la baisse des prix du marché. La nouvelle chute des cours du pétrole cette année offre incontestablement une chance de sevrer les économies de ce soutien. (Voir les principaux constats de l’AIE sur les subventions à la consommation d’énergie.)
« Les subventions aux énergies fossiles sont un obstacle sur la voie d’un redressement durable après la crise du COVID‑19 », a déclaré Fatih Birol, Directeur exécutif de l’AIE. « Le faible niveau de prix des énergies fossiles aujourd’hui offre aux pays une occasion en or d’éliminer progressivement les subventions à la consommation. Á l’heure où les pouvoirs publics cherchent à doper l’emploi et à préparer un avenir meilleur et plus résilient, il est essentiel d’éviter les distorsions du marché qui favorisent les technologies polluantes et inefficaces. »
Selon les prévisions de l’AIE, l’effondrement des prix des énergies fossiles et de leur consommation catalysé par le COVID‑19 devrait ramener les subventions à la consommation à 180 milliards USD en 2020, soit le niveau le plus bas depuis 2007, année des premières statistiques. Parallèlement, du fait de la chute des recettes tirées de la production de pétrole et de gaz, la réforme des subventions est essentielle pour atténuer la contrainte exercée sur les finances publiques dans les pays producteurs. (En savoir plus.)
Dans un autre rapport publié aujourd’hui (Building Back Better: A Sustainable, Resilient Recovery after Covid-19), l’OCDE s’interroge sur la manière de mettre les mesures de relance au service d’investissements et de changements sociaux à même de réduire la probabilité de chocs futurs et de renforcer la résilience et la durabilité environnementale des sociétés.
Pour de plus amples informations, les journalistes sont invités à contacter Catherine Bremer au Bureau des médias de l’OCDE (+33 1 45 24 80 97).
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