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Gilles Roman
Gilles Roman
Admin
Date d'inscription : 04/05/2015
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13042023
Le polar se porte très bien, merci Il y a des mois où l’on ne sait plus où donner de la tête. Chaque jour paraît un roman noir qui nous fait envie, malheureusement les journées ne font que 24 heures et elles sont déjà bien remplies. Témoin de cette ébullition, cette newsletter est incroyablement riche, vous allez y retrouver Colson Whitehead, Ivy Pochoda, Marin Ledun, Bernard Minier, Sandrine DestombesJake Adelstein, Michèle Pedinielli, et l’on aurait pu vous parler de dix autres auteurs et autrices tant l’actualité est dense. Le festival Quais du polar est un bon marqueur de cette vogue du noir. Il a attiré quelque 90000 visiteurs à Lyon et permis aux libraires de réaliser un chiffre d’affaires d’environ 290000 euros. Et nous, quand les libraires sont contents, on est contents.
Cette euphorie va se poursuivre tout au long du mois d’avril avec «Le mois du Polar» lancé pour la première fois cette année par Quais du polar avec le réseau des librairies Ensemble. Selon une récente étude du Centre national du livre, il n’y a jamais eu autant de librairies créées qu’en 2022. L’Hexagone en compte 115 de plus, et la tendance reste à la hausse. Et le polar figure souvent dans les meilleures ventes. Les éditeurs l’ont bien compris, ils creusent tous le sillon du noir. Ainsi la maison d’édition Nouveau monde vient de lancer une nouvelle collection de polars au format poche. Baptisée Sang froid, elle allie suspense et espionnage, tout ce qu’on aime, à l’image du best-seller Babylon Berlin, vendu à plus de 500000 exemplaires en Allemagne et objet d’une série sur Canal+. Et puisque nous parlons des éditeurs, tirons un coup de chapeau à Pierre Fourniaud, qui a fondé la Manufacture de livres en 2010 et qui vient d’être élu éditeur de l’année aux Trophées de l’édition organisés par Livres Hebdo. C’est un éditeur que nous avons pour ainsi dire vu grandir, nous en avions fait le portrait en 2017 dans Libé, à une époque où sa maison d’édition tenait dans son sac à dos et où les cafés lui tenaient lieu de bureau. Souhaitons-lui de rencontrer une autrice ou un auteur de la trempe de l’écrivain américain Horace McCoy (1897-1955) dont les traductions parues dans la Série noire entre 1946 et 1953 (et notamment On achève bien les chevaux) viennent d’être révisées pour être publiées dans leur version intégrale par Gallimard dans sa belle collection Quarto. 
Faites-vous plaisir! 
Alexandra Schwartzbrod
Directrice adjointe de la rédaction 

Ivy Pochoda: «Les tueurs en série sont incroyablement ennuyeux»
Avant d’apparaître sur la scène littéraire, en 2010, Ivy Pochoda, 46 ans, a été une athlète de haut niveau, joueuse pro de squash. On retrouve cette intensité dans son écriture et dans sa personnalité. Elle parle vite et cash, rit fort, grince et s’émeut. Son sixième roman, Ces femmes-là (Globe), est aussi un grand huit. Choral, il croise les voix et les vies de Feelia, Dorian, Julianna, Essie, Mariella et Anneke. A Los Angeles, elles sont prostituées, mère inconsolable, flic, «danseuse exotique», femme et fille de tueur, toutes niées à leur façon.
Il y a un tueur en série dans Ces femmes-là mais ce sont les victimes qui mènent le livre. 
Les tueurs en série sont incroyablement ennuyeux. S’ils ne l’étaient pas, ils se feraient prendre. L’ego des flics ne supporte pas de ne pas réussir à attraper quelqu’un, ils font donc des tueurs en série des figures divines, des génies. Nous aimons dramatiser les serial killers pour les rendre excitants, et nous en oublions les victimes qui deviennent un décompte de chiffres. J’ai donc décidé d’éliminer le tueur en série de l’histoire pour me concentrer sur les victimes. J’étais très intéressée par l’idée que la violence de ce type n’est pas juste dirigée contre les victimes qui sont tuées, mais aussi contre sa femme et sa fille, qui doivent vivre avec cela, et leur déni.
Vos héroïnes sont plutôt féroces.
Ce sont des survivantes. Je déteste le cliché selon lequel «à l’intérieur de toutes ces femmes, il y a une pierre précieuse». Peut-être que non, et cela ne veut pas dire qu’elles sont mauvaises. Nous ne trouvons les prostituées acceptables que si elles essaient d’entrer dans une école d’art ou si elles font ça pour subvenir aux besoins de leurs enfants, ou parce qu’elles ont été violées par leur père : nous ne pouvons tolérer la transgression féminine que s’il y a une «bonne» raison à cela. Pourquoi ne pouvons-nous pas accepter la prostitution comme un simple travail ? Ce n’est pas un travail que je souhaite, mais c’est juste un travail – parfois un esclavage, aussi. Pourquoi ces femmes devraient-elles être des Pretty Woman à la Julia Roberts ? Les femmes peuvent être fortes, coriaces et agressives.
Los Angeles pourrait bien être le personnage principal du livre.
L.A., ça craint. C’est comme si nous vivions dans une catastrophe naturelle, la ville est au bord de l’effondrement. Il y a quatre cycles de saisons dans le livre. Le vent, le feu, la pluie, les coulées de boue, tout cela est bien réel. J’ai accéléré cette chronologie, je l’ai comprimée, mais c’est la réalité. Cette ville est comme nulle part ailleurs sur terre parce que tout le monde y vit dans le déni. On ne peut pas vivre sur la plage parce que l’océan va l’engloutir. On ne peut pas vivre sur la falaise parce qu’elle va tomber dans l’océan etc.. Mais tout le monde vaque à ses occupations, fait du surf, conduit, comme si de rien n’était… Cela dit, j’aime la diversité de LA, la culture, la nourriture. Certains endroits ne ressemblent pas à l’Amérique. On se croirait au Mexique, en Corée, j’adore ça. Et écrire à LA est génial. La communauté des écrivains est très solidaire, pas dans la compétition.
Recueilli par Sabrina Champenois
Photo : Maria Kanveskaya
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