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Date d'inscription : 06/05/2011
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18042022
Comment les Français se sont-ils informés pendant la campagne électorale ? Quelles sont les pratiques qui favorisent le développement de désinformation ? Comment les algorithmes tendent à remplacer les journalistes dans la hiérarchisation de l’information ? Tels sont les questions auxquelles l’enquête Ifop pour la Fondation Reboot dédiée à la promotion de l’esprit critique tentent de répondre.

LES MAUVAISES HABITUDES SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX
Présidentielles 2022 : un nouveau sondage IFOP publié le 19 avril Sondag10
L’institut a d’abord cherché à identifier les évolutions des modes de consommation d’information à l’occasion de l’élection présidentielle 2022, et l’impact de la montée d’Internet, des médias sociaux comme Facebook, Twitter et Instagram et des outils de conversation type Whatsapp dans la diffusion des thèses complotistes. Cette enquête révèle notamment qu’Internet est devenu la première source d’information pour les jeunes et la deuxième pour tous les Français avec un triplement de son impact dans le quotidien de l’information depuis 2009.
Ensuite, l’Ifop confirme également que les « bulles informationnelles » déjà documentées dans de précédentes études de la Fondation Reboot poursuivent leur développement et qu’elles sont encore plus prégnantes dans les sphères complotistes. Enfin, alors que le premier volet de l’Observatoire avait souligné un taux de pénétration élevé des thèses du Kremlin en France (via notamment l’usage des outils numériques), ce nouveau volet souligne la défiance d’une partie de Français vis-à-vis de du processus électoral en cours, 14% croyant à l’existence d’un vote truqué, un taux qui atteint 30% chez les électeurs de Marine Le Pen.
Ainsi, la Fondation Reboot constate avec inquiétude que les Français manquent d’éducation à ces nouveaux outils numériques et qu’ils favorisent eux-mêmes le développement de la désinformation par comportements inadaptés : un tiers des Français commentent ainsi des articles qu’ils n’ont pas lu et plus de 42% les transfèrent à des proches sans les avoir lus non plus.
Le point de vue de Manon Berriche, chercheuse au Medialab de SciencesPo Paris et experte-associée de la Fondation Reboot
“L’intérêt de l’enquête IFOP est de mettre en perspective les opinions et les pratiques informationnelles des Français avec différentes variables sociodémographiques. Cela permet d’éviter de tomber dans des explications simplistes et ainsi d’appréhender avec plus de finesse les ressorts de nombreux troubles informationnels qui sévissent actuellement dans l’espace public français.
Plusieurs résultats de l’enquête IFOP font échos à de nombreuses recherches issues de la littérature académique américaine sur la désinformation. Par exemple, alors que les électeurs d’Éric Zemmour et de Marine Le Pen sont les plus nombreux à adhérer à l’idée selon laquelle les résultats des élections présidentielles de 2022 pourraient être truqués, les internautes situés aux extrêmes de l’échiquier politique sont responsable de la majorité des fake news partagées sur les réseaux sociaux aux États-Unis (Grinberg, 2019;  Guess et al., 2019; Osmundsen et al., 2020).
Dans le contexte français, différents éléments concourent à expliquer cette porosité entre idéologie et adhésion à des énoncés infondés. Alors que la confiance des publics dans les médias a drastiquement baissé en France (Newman et al., 2019), il est possible que les individus les plus distants des partis politiques traditionnels cherchent à court-circuiter les discours médiatiques et institutionnels en faisant leurs propres recherches sur les réseaux sociaux ou allant puiser auprès de sources alternatives corroborant leur point de vue (Berriche, 2021).
Au-delà des ressorts idéologiques à l’origine des troubles informationnels, il est important de souligner d’autres mécanismes susceptibles de rendre les publics moins vigilants face aux informations qu’ils consomment. Bien que la télévision reste le principal support utilisé par les individus pour s’informer (Allen et al., 2020 ; Dejean et al., 2021), le développement des réseaux sociaux, ces dernières années, a bouleversé les modes de consommation et d’accès à l’information chez tous les publics, notamment chez les plus jeunes. En fait, de nombreux réseaux sociaux et applications de messagerie comme Facebook, TikTok ou WhatsApp sont avant tout utilisés par les individus pour interagir avec leurs amis. Plutôt que de partager des informations fiables et vérifiées, via ces applications, les internautes privilégient plutôt la diffusion de contenus susceptibles de renforcer leurs liens de sociabilité avec leurs proches. Dès lors, on peut se demander comment ces internautes réagissent lorsqu’ils tombent malgré tout sur des informations relatives à l’actualité politique au milieu de “mèmes humoristiques”, de faits divers sur des célébrités ou de photos de leurs amis (Boczkowski et al., 2018) ? Comme le montrent les résultats de l’enquête IFOP, peu d’internautes vont prendre le temps de vérifier l’information ou de la lire attentivement avant de la partager à un de leur contact. Par manque d’attention ou d’esprit critique (Pennycook & Rand, 2019 ; 2021), de nombreux internautes sont ainsi susceptibles de ne pas adopter de bons réflexes pour évaluer la qualité des informations en ligne. 
L’enjeu pour les pouvoirs publics est donc à la fois de mieux réguler ces plateformes qui ont envahi le quotidien des jeunes populations notamment mais aussi de renforcer ce travail d’éducation aux médias et surtout au raisonnement critique. Cela passe notamment par un travail de fond matière par matière pour permettre aux professeurs de l’Education nationale de mieux préparer nos enfants à exercer leur esprit critique à travers des cas concrets.”
Dans un contexte de révolution des habitudes de consommation médias, le complotisme profite d’une polarisation des pratiques informatiques chez les Français
La façon dont les Français s’informent a profondément évolué en 15 ans, marquant avant tout une explosion d’internet comme source principale d’information : 31% des Français citent cette source d’information en matière politique comme la plus fréquente contre seulement 11% en 2009, dépassant ainsi la radio (14% contre 21% en 2009) qui demeure toujours la 3e source d’information politique des Français. La télévision, avec la multiplication de l’offre informative, demeure la principale source d’information pour plus de quatre Français sur dix (42%, contre 49% en 2009). La presse écrite connait elle aussi un net recul mais reste marginale en tant que source d’information la plus fréquente en matière politique (5% citent la presse écrite nationale et 4% la presse écrite régionale contre respectivement 8% en 2009).
« Étude Ifop pour la Fondation Reboot réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 4 au 8 mars 2022 auprès de 2 007 personnes représentatif de la population âgées de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine et par téléphone du 9 au 10 mars 2022 auprès d’un échantillon de 2 006 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. »
Références bibliographiques
Allen, J., Howland, B., Mobius, M., Rothschild, D., & Watts, D. J. (2020). Evaluating the fake news problem at the scale of the information ecosystem. Science Advances, 6(14), eaay3539.
Berriche, M. (2021). En quête de sources. Preuves et mises à l’épreuve dans la controverse vaccinale sur Facebook. Politiques de communication, (1), 115-154.
Boczkowski, P. J., Mitchelstein, E., Matassi, M. 2018. ‘News Comes Across When I’m in a Moment of Leisure: Understanding the Practices of Incidental News Consumption on Social Media’, New Media & Society, 20(10), 3523–39.
Dejean, S., Lumeau, M., Peltier, S., & Petters, L. (2021). La consommation d’informations en France. Reseaux, 229(5), 43-74.
Grinberg, N., Joseph, K., Friedland, L., Swire-Thompson, B., & Lazer, D. (2019). Fake news on Twitter during the 2016 US presidential election. Science, 363(6425), 374-378.
Guess, A., Nagler, J., & Tucker, J. (2019). Less than you think: Prevalence and predictors of fake news dissemination on Facebook. Science advances, 5(1), eaau4586.
Newman N., Fletcher, R., Kalogeropoulos, A., & Nielsen, R. K. (2019). Reuters Institute digital news report 2019. Reuters Institute for the Study of Journalism.
Osmundsen, M., Bor, A., Vahlstrup, P. B., Bechmann, A., & Petersen, M. B. (2021). Partisan polarization is the primary psychological motivation behind political fake news sharing on Twitter. American Political Science Review, 115(3), 999-1015.
Pennycook, G., & Rand, D. G. (2019). Lazy, not biased: Susceptibility to partisan fake news is better explained by lack of reasoning than by motivated reasoning. Cognition, 188, 39-50.
Pennycook, G., & Rand, D. G. (2021). The psychology of fake news. Trends in cognitive sciences.

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