Alors que la trêve hivernale touche à sa fin dans quelques jours, Médecins du Monde se mobilise partout en France pour alerter sur la hausse sans précédent du nombre de personnes vivant à la rue et des conséquences sur leur santé. Aujourd’hui en France, faute de solution d’hébergement, certaines personnes vivent leurs premiers jours à la rue, dont des bébés, et d’autres leurs derniers.
Des enfants n’ont nulle part où dormir après l’école, des mineurs isolés sont forcés à l’errance et expulsés de leurs lieux de survie. En un an, le nombre de personnes sans solution chaque soir a augmenté de près de 25%. Plus de 1 600 mineurs, dont 460 ayant moins de trois ans, n’avaient nulle part où dormir en janvier 2024. Par ailleurs, 70% des personnes rencontrées dans les centres d’accueil, de soins et d’orientation de Médecins du Monde vivaient dans des conditions de logement instables en 2023.
Pourtant, la rue peut être fatale : 656 personnes sans domicile sont décédées l’an dernier, et plus d’une centaine depuis début janvier 2024.
Le manque de logement est source de souffrances multiples et peut aggraver des problèmes de santé existants, ou générer de nouvelles pathologies chez des personnes dont l’état est déjà dégradé. La vie à la rue implique également une exposition accrue aux violences, sous toutes ses formes (sexuelles, exploitation, agression, vol...). Combien sont ces personnes à devoir vivre leur grossesse, leur cancer, ou leur handicap à la rue ?
Combien sont-elles à ne pas pouvoir se soigner, faute de réfrigérateur pour y garder leur traitement, ou de douche pour prendre soin d’une plaie ?
« A Strasbourg, nous constatons que de plus en plus de personnes vivent sous tente avec des pathologies lourdes, comme des cancers à des stades avancés. Or le système d’hébergement d’urgence est totalement sous-dimensionné, donc nous ne parvenons plus à trouver de solution pour répondre à ces urgences sanitaires », témoigne Hillary Contreras-Salmen, Coordinatrice du programme mission mobile de Médecins du Monde à Strasbourg.
Même constat dans le Rhône : « A Lyon, certaines personnes n’ont pas accès aux interventions chirurgicales dont elles ont besoin, car l’hôpital ne peut pas les programmer si elles ne sont pas logées en amont ou en aval. On estime que 14 000 personnes sont en attente d’hébergement dans le département», explique Clotilde Neveux, Assistante sociale de Médecins du Monde à Lyon.
Le manque de volonté politique pour apporter une réponse à la hauteur de la dégradation de la situation contraint les acteurs du secteur médico-social au tri et à la concurrence des vulnérabilités, pour déterminer qui sera prioritaire pour être mis à l’abri. Il est inacceptable que plusieurs milliers de personnes, dont des enfants, restent chaque soir sans solutions d’hébergement et voient leur état de santé se détériorer.
En Seine-Saint-Denis par exemple, les chances d’obtenir un hébergement après un appel au 115 sont de 0,26% !
Partout, ces situations se multiplient mais Médecins du Monde refuse d’y voir une fatalité. Les équipes de l’ONG se mobiliseront dès cette semaine dans plusieurs villes de France pour rendre visible l’invisible à travers une campagne de mobilisation.
Par cette action, elles mettront en lumière cette injustice car il est vital de garantir réellement le droit au logement, qui est un déterminant inaliénable de la santé des personnes. Il faut en urgence augmenter le nombre de places d’hébergement, les moyens du secteur médico-social, et mettre un terme aux politiques qui précarisent et discriminent depuis des années.
Afin de sensibiliser le grand public et les décideurs, les équipes de Médecins du Monde seront présentes dans les rues pour distribuer et coller des stickers, afficher des ordonnances humanitaires et utiliser comme outil de campagne des boîtes de médicament fictives de «sansabril», pour mettre en avant les conséquences de l’absence de logement sur la santé.
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