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27022024
330 millions d’euros, c’est le coût estimatif du projet de barrage-usine hydroélectrique Rhônergia proposé en novembre 2023 par la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) sur les derniers 25 kilomètres sauvages de notre plus puissant fleuve français entre la commune de Loyettes, dans l'Ain, et la commune de Saint-Romain-de-Jalionas, en Isère. En 2018, le coût du projet était estimé à 230 millions d'euros. 
 
Margot Savin, secrétaire régionale des Écologistes Rhône-Alpes déclare : « À ce jour, nous nous questionnons sérieusement sur le coût de cet ouvrage. Nous constatons que l’estimatif n’est absolument pas stabilisé. Bien sûr, nous sommes dans la phase de concertation, mais un écart de 100 millions d’euros entre l’estimatif de 2018 et celui de 2023 est inquiétant. Combien ce projet, s’il voit le jour, va-t-il réellement nous coûter à la sortie ? A cette allure, à plus de 100 millions d’euros tous les 5 ans, ce barrage nous coûtera 530 millions d’euros dans 10 ans, en 2033, année à laquelle ce projet doit voir le jour ! C’est impensable et démesuré pour une très faible production d’énergie projetée ! Surtout pour nous, écologistes, qui en responsabilité, sommes récompensés pour la bonne gestion des finances, notamment à la ville et Métropole de Lyon. Par ailleurs, je demande à la CNR de nous indiquer si l’estimatif actuel comprend une actualisation du chiffrage vis-à-vis de l’inflation. »
2033, c’est, en effet, l’année visée pour la réception de cet ouvrage justifié par la CNR pour son rôle « dans la lutte contre le changement climatique et l'indépendance énergétique de la France ». 
2033 comme objectif, c’est déjà partir avec 3 ans de retard (sans marge pour les aléas), vis-à-vis de l’objectif de l’accélération des énergies renouvelables dans les territoires, dont la part est fixée à 33 % d'ici 2030. 
Le coût de ce projet est aussi environnemental et social. 
Malgré des paillettes vertes saupoudrées sur le projet par la CNR, avec l’aménagement paysager autour de l’usine et la construction d’une rivière artificielle pour les poissons afin de contourner le barrage, ces compensations ne garantissent ni le maintien d’espèces piscicoles dont l’habitat passerait d’eaux froides et vives à eaux chaudes et calmes, ni la garantie d’un impact moindre sur les terres agricoles dont 55 hectares minimum devront être rehaussés vis-à-vis du risque de la remontée des nappes phréatiques. 
Cet ouvrage pharaonique, bétonné d'une hauteur de 12 mètres et de 200 mètres de large, causera de graves dégâts sur les deux rives du Rhône au niveau du sol, du sous-sol et des nappes phréatiques proches. Le projet comprend, en effet, une retenue de 20 millions de m³ d'eau en amont du barrage-usine, sur 22 kilomètres de long pour ralentir le débit du fleuve et une digue de 4 km. Quelques kilomètres en aval de la zone prévue pour ce barrage, la confluence avec l'Ain, est un site classé Natura 2000, très riche pour la biodiversité où nichent de nombreux oiseaux et vivent des animaux sauvages, où se trouvent un site archéologique d’une grande valeur historique, et un lieu de promenade pour les locaux et voyageurs empruntant la Via Rhôna. 
Margot Savin poursuit : « Dans les années 90, une forte pollution a été détectée dans ce secteur précis. Le projet prévoit le curage du lit du Rhône. Notre crainte est que les travaux puissent remettre en circulation les polluants organiques persistants contenus dans les sédiments contenant des quantités de PCB et de Dioxines 500 fois supérieures à la norme européenne selon le rapport du CEMAGREF de juin 2007. Cette pollution pourrait se retrouver dans les communes en aval et impacter l’eau potable. Anne Grosperrin, Vice-présidente en charge du cycle de l’eau à la Métropole de Lyon le rappelait plus de 1,4 million de Grands-Lyonnais·es sont desservi·es par une eau potable dont la qualité dépend du Rhône et qui serait impactée par toute modification qui interviendrait sur le fleuve.’’ C’est une question absente dans la phase de concertation et je me demande sincèrement comment débattre d’un projet alors que nous n’avons aucune étude d’impact à disposition pour éclairer les citoyen·nes et les collectivités territoriales concernées. » 
La première répercussion du projet Rhônergia serait l’obligation de demander une dérogation à la directive-cadre sur l'eau auprès de l'Europe. 
En effet, le barrage-usine causerait le déclassement du fleuve en allant à l’encontre des efforts de restauration de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques. Alors que ces efforts doivent s’intensifier, ce projet ne respecte pas les objectifs fixés par cette directive-cadre européenne et mettrait à mal des décennies d’efforts pour restaurer le fleuve et 400 millions d’euros d’investissements faits dans les plans Rhône successifs. Sachant que l’état des lieux des masses d'eau du bassin Rhône méditerranée montre que 72 % des cours d'eau risquent de ne pas atteindre le bon état en 2027. Le maintien en bon état du fleuve permet d’éviter les inondations, augmente la qualité de l'eau potable et assure la résilience des milieux aquatiques face au réchauffement climatique. 
Outre ces enjeux, le projet pose des questions à propos de la conciliation des usages sur la portion du Rhône concernée par le projet, notamment pour l'irrigation de cultures dans les communes avoisinantes de Lagnieu, Saint-Vulbas et Loyettes. Les épisodes de canicule voués à être récurrents de par le réchauffement climatique impactent d’ores et déjà le débit des cours d’eau. Une étude sur les évolutions des débits du Rhône à l'horizon 2055, réalisée à la demande de l'Agence de l'eau, montre une baisse cumulée du débit de 30 %. Le Furon et la Bourbe, deux rivières affluentes, seront directement impactées avec un risque de baisse importante de leur niveau avec ce projet de barrage. 
A plus long terme, la disparition des glaciers ne doit pas être un scénario négligé. 
Alors que la Suisse, où le fleuve trouve sa source, souhaite définir un partenariat de gouvernance du Rhône avec la France, la Suisse a rappelé dans le plan GouvRhône qu’elle serait attentive à « des possibles atteintes aux usages fondamentaux ». Alors que l’Etat doit rendre son avis mi-2024 en faveur soit de l'arrêt du projet, soit du lancement des études plus approfondies; pour les Écologistes Rhône-Alpes, ce projet de barrage-usine est une véritable atteinte aux usages fondamentaux du Rhône et ne doit pas voir le jour. 
Les Écologistes Rhône-Alpes soutiennent les alternatives existantes tout en développant un vaste programme de promotion d’économies d’énergie et de sobriété énergétique. 
Le budget accordé à ce projet permettrait en lieu et place du barrage de financer la rénovation thermique des bâtiments, d’accentuer le développement d’énergies renouvelables tels que l'éolien ou le photovoltaïque sur les bâtiments publics, agricoles, industriels ou collectifs, mais aussi de développer le maillage de bornes IRVE permettant la mobilité électrique. 
De plus, l’amélioration de 5 à 15% du rendement énergétique et du fonctionnement des barrages déjà existants sur le Rhône correspondent à eux-seuls à la production supplémentaire envisagée de 37MW pour le nouveau barrage, avec un impact environnemental très faible. 
Margot Savin conclut : « Au regard de l’ensemble des risques et impacts identifiés, ainsi que les alternatives concrètes proposées, comment ce projet pourrait-être sérieusement envisagé par l’Etat ? Le comité de bassin composé de l’ensemble des usagers avait, après des mois de travail, réussi à aboutir à un accord sur le schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux du bassin ainsi que sur le plan de bassin d'adaptation au changement climatique. Quel gouvernement serait aussi incohérent et sourd pour balayer les efforts fournis par ce comité ? J’appelle chacun·e à se mobiliser contre ce projet d’un autre temps à l’appel des Soulèvements de la Terre»
Les Écologistes Rhône-Alpes réclament à la CNR de transmettre les réponses de façon transparente sur les élément suivants : 
- Amortissement estimé vis-à-vis de l’investissement et de la durée de vie du barrage ; 

- Estimatif final du coût du projet prenant en compte l’inflation ;

- Comparatif du coût et de l’impact environnemental entre l’amélioration des structures existantes versus la construction de ce nouveau barrage ;
- Études d'impacts qui prennent en compte les échanges nappes-rivière, l'évolution de la thermie, les pollutions remises en suspension et la gestion des sédiments, et une analyse sur les PFAS. 
Sans aucun de ces éléments, les Écologistes Rhône-Alpes ne peuvent considérer que la consultation en cours est réalisée dans un contexte réel de démocratie et de transparence. 
Fin de concertation le 29 février. 

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