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22112021
Mise à jour :"l'espoir a vaincu la peur"... ce sont les premiers mots du candidat de la gauche radicale Gabriel Boric après sa large victoire au 2ème tour le 19 décembre...
Le taux de participation a largement augmenté entre les deux tours et le candidat d'extrême droite José Antonio Kast a reconnu sa défaite... Le président sortant Sebastian Piñera a même conversé en direct à la télévision avec le vainqueur de ces élections très polarisées.
Sur le papier, la gauche ne semblait pas pouvoir compter sur le report de voix des autres candidats, d'autant que le candidat "surprise" arrivé en troisième position au 1er tour, Franco Parisi (lire ci-dessous) avait appelé à voter Kast.
La campagne d'entre deux tours a été très dure avec de nombreuses fakenews diffusées sur les réseaux sociaux et une polarisation très nette entre les villes et quartiers pauvres et riches du pays. Lors de son premier discours, Gabriel Boric a indiqué que les entreprises de transport public, gérées par le gouvernement, auraient même organisé des défaillances ce 19 décembre afin d'empêcher les déplacements vers les bureaux de vote ! Ce qu'avait déjà dénoncé sa directrice de campagne :
Mais c'est un fait, grâce à un taux de participation sans précédent au second tour (il est passé de 47,34% au 1er tour à 55,63% au second tour selon la vidéo ci-dessous), Gabriel Boric, avec près de 56% des voix, devient le président le mieux élu - en vote populaire - depuis le retour à la démocratie !
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Résultats du 1er tour :
Au #Chili les candidats de l'extrême droite (Kast 28%) et de la gauche radicale (Boric 26%) se retrouveront au 2ème tour des élections présidentielles le 19 décembre. Le vainqueur de ce premier tour est tout de même l'abstention puisque seulement 7.115.590 électeurs, soit 47,34% des inscrits se sont exprimés. Ce taux de participation satisfait tout de même le service électoral chilien (Servel) qui note que "pour le premier tour de 2017, 6.700.748 d'électeurs avaient participé au vote".
Le scrutin a été marqué par l'effondrement de la coalition de droite du président sortant Sébastian Piñera dont le candidat Sebastian Sichel arrive en quatrième position... et aussi par la débâcle de la Concertation (centre droit, démocratie chrétienne et gauche modérée). Ces deux camps s'étaient partagés le pouvoir depuis le retour à la démocratie.
Franco Parisi, le troisième homme !
Quel que soit l'élu qui émergera des urnes en décembre, le système électoral très compliqué issu de la constitution toujours valide (négociée avec Pinochet au moment de la transition démocratique) pourrait bloquer toute mise en oeuvre de réforme. Les électeurs qui votaient en même temps que ce premier tour des présidentielles pour le renouvellement d'une partie du Sénat et de l'Assemblée Nationale, ont fait émerger dans plusieurs régions un nouveau "Parti des gens" dirigé par un inconnu, Franco Parisi. Six députés de ce nouveau parti intègreront donc de toute manière l'assemblée, quelque soit le président élu. Franco Parisi est un mystérieux entrepreneur qui vit en Alabama aux Etats Unis et ne s'est pas déplacé pour faire campagne au Chili (où il est poursuivi pour non paiement de pension alimentaire). Les télévisions nationales qui ont cherché à l'interviewer en direct, n'ont pas pu le rencontrer physiquement et il n'aurait même pas participé au scrutin du premier tour. Il n'a d'ailleurs pas voulu participer aux débats avant le premier tour, même à distance puisqu'il était déclaré positif au coronavirus!
Franco Parisi a donc mené une excellente campagne sur les réseaux sociaux et s'est placé en troisième position avec 13% en moyenne au niveau national et des résultats particulièrement importants dans plusieurs régions du nord du pays où il a tenu un discours anti immigration. Avec ce résultat national et ces six députés de son "parti des gens" élus, il se révèle donc comme un potentiel "faiseur de roi" !
Le parti des gens a annoncé le 24 novembre qu'il organisera
un vote en ligne de ses adhérents pour définir le candidat
qu'il soutiendra au second tour...
Un pays polarisé
Pour le deuxième tour qui aura lieu le 19 décembre, Kast et Boric, les deux candidats installés aux deux extrêmes de l'échiquier politique, conscients de la peur que l'un et l'autre suscite dans le camp d'en face, tiennent des discours "rassurants".
Avantage Kast... sur le papier
Si Kast peut compter sur le soutien des élus de droite dont beaucoup se sont déjà ralliés, Boric avait remporté les élections primaires contre le candidat du Parti communiste, dont les électeurs ont semble-t-il un peu rechigné à le soutenir... Il lui faut donc entre les deux tours convaincre non seulement des abstentionnistes du premier tour, obtenir l'appui de la Démocratie Chrétienne et des ex-partis de la Concertation, profondément divisés et ne pas perdre en route les électeurs communistes !
Une sortie par le haut avec l'adoption d'une nouvelle constitution ?
Si Kast venait à passer, le travail de l'assemblée constituante élue cette année suite aux révoltes sociales de 2019 - elle a pour mission de soumettre une nouvelle constitution à référendum d'ici 2022 - pourrait évidemment être remis en cause.
Boric quant à lui n'aurait pas de problème avec cette assemblée constituante qui porte un grand nombre de ses valeurs (sur l'éducation, la santé, la répartition des richesses, l'environnement ou les droits de l'homme... ).
Mais quel que soit le candidat élu en décembre, la nouvelle configuration des deux assemblées augure d'un blocage institutionnel...
Gilles Roman
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Ces quelques mesures résument le choix qui s’offre aux électrices et électeurs chiliens le prochain 19 décembre … A signaler qu’au 1er tour, seulement
47% des 15 millions d’électeurs chiliens se sont rendus aux urnes : l’historique taux de participation de 49,2% avait été atteint lors du référendum d’octobre 2020, fruit de la révolte sociale de 2019, qui a plébiscité à 78% la rédaction d’une nouvelle Constitution pour remplacer l’actuelle héritée de l’ère Pinochet …
Main tendue
Surprise au Sénat
politologue, expert du Chili et de l’Amérique latine