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Gilles Roman
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18062022
Chaque samedi, à 8h, la sélection des articles de la rédaction. 18 juin 2022 • N°50
Kiosque : "les français ont bien envie  " d'emmerder " Emmanuel Macron Logo-la-tribune-petit-2Kiosque : "les français ont bien envie  " d'emmerder " Emmanuel Macron 57144d60e30f92bd
LES FRANÇAIS ONT BIEN ENVIE « D'EMMERDER » EMMANUEL MACRON
Par Philippe Mabille


Directeur de la rédaction de La Tribune.


Kiosque : "les français ont bien envie  " d'emmerder " Emmanuel Macron Philippe-mabille


Juste retour à l'envoyeur ? Comme par un effet boomerang, les Français, après l'avoir réélu en avril, dans un vote « républicain » de barrage à l'entrée à l'Elysée de la candidate de l'extrême droite (pour la troisième fois après 2002 et 2017), s'apprêteraient à ne pas donner, pour la première fois depuis Mitterrand en 1988, de majorité absolue au président réélu. Coup de grisou de l'histoire avec un grand «H », 61% des électeurs rêveraient que cela se concrétise ce dimanche, selon un sondage IPSOS-Sopra Steria pour plusieurs médias. Ce n'est pas encore certain, la majorité présidentielle Ensemble peut encore obtenir plus de 289 sièges ; mais cela reste une forte probabilité au vu des résultats du premier tour et cela provoque une panique certaine en macronie où aucun scénario n'est écarté. Même celui d'une victoire sur le fil de l'opposition, avec la Nupes et Mélenchon à Matignon.
La peur a gagné jusqu'au président lui-même qui sur le tarmac d'Orly, puis après sa visite surprise à Kiev qui a fait polémique à trois jours du second tour, a sonné cette semaine l'hallali contre le danger « anti-républicain » et « anti-européen » que représenterait une victoire de la Nupes. Outre qu'il est un peu troublant de voir le camp du centre au pouvoir s'arroger le monopole de la République, on peut voir dans l'inquiétude de l'exécutif un refus tout aussi troublant de la culture du compromis qui est l'apanage des grandes démocraties. En ce 18 juin où le président Macron célèbre le 82e anniversaire de l'appel du Général, la perspective de voir le fonctionnement de la Ve République être bousculé dans son train-train n'est pourtant pas forcément une si mauvaise nouvelle.
Rappelons qu'en 1988, c'est avec un scrutin comportant une dose de proportionnelle que Mitterrand avait échoué à obtenir la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Ce qui n'avait pas empêché Rocard de rétablir l'ISF, de faire voter la création de la CSG certes avec le recours fréquent au vote bloqué (ce qui n'est plus possible aujourd'hui, l'article 49.3 ne pouvant être utilisé qu'une seule fois par session en dehors des textes budgétaires). Si Macron se retrouve dimanche soir dans la même situation en dépit d'un scrutin majoritaire à deux tours qui favorise normalement la cohérence entre l'élection du président de la République et celle des députés deux mois plus tard, ce serait quand même un sérieux désaveu. Et rendrait d'autant plus urgent et nécessaire l'apprentissage par le pouvoir exécutif d'une autre façon de gouverner.
Après tout, le peuple français est tout simplement en train de mettre en pratique ce qu'Emmanuel Macron a lui-même reconnu lors de sa seconde investiture : « un peuple nouveau, un président nouveau pour un mandat nouveau ». Même si ce n'est pas son ADN, que ce président « nouveau » doive apprendre à négocier des compromis de projet et d'idées avec un parlement moins à sa botte n'est pas pour déplaire à des Français agacés par la verticalité de Jupiter. La crise politique que nous vivons vient probablement de là, de ce déséquilibre entre le présidentialisme monarchiste à la française et le parlementarisme à l'anglaise ou à l'allemande.
Une chose est sûre, le scénario tourne au « House of Cards » avec de vives tensions à l'Elysée entre le président Macron et son secrétaire général Alexis Kohler, sur fond de désaccords stratégiques sur le choix du Premier ministre et la ligne politique, que révèle notre collègue le journaliste d'investigation Marc Endeweld dans une longue enquête dans La Tribune.
L'action du gouvernement sera-t-elle rendue moins rapide ou moins efficace, à l'heure où des décisions majeures doivent être prises pour « l'intérêt supérieur de la Nation », comme le revendique le président ? Le premier rendez-vous sera la loi sur le pouvoir d'achat le 6 juillet, puis le budget de l'Etat et de la Sécu pour 2023 à la rentrée avec notamment la réforme des retraites, censée financer par plus de travail la générosité d'un modèle social encore très enviable, mais de plus en plus fondé sur l'endettement.
Car, et c'est l'autre grande panique de la semaine, sur le front monétaire  aussi le monde change très vite. Un véritable krach obligataire menace la stabilité financière et le financement des Etats et des entreprises, raconte Eric Benhamou. Les banques centrales ont-elle perdu le contrôle de l'inflation ?, interroge Robert Jules. C'est le retour de l'image évoquée par l'ancien président de la Bundesbank, Karl Otto Pöhl, en 1980 : « l'inflation, c'est comme la pâte dentifrice. Quand elle est sortie du tube, impossible de l'y faire rentrer. » Le monde vit-il pour autant son moment Paul Volker, avec le retour d'un « monétarisme » brutal qui pourrait porter les taux à des niveaux très élevés pour tuer l'inflation ? Le risque serait de tuer la croissance dans le même temps. Et ce seul danger a déjà mis fin au très long cycle haussier des marchés d'actions qui ont décroché vers un « bear market » (marché durablement baissier symbolisé par la statue de l'ours près de Wall Street - NDLR), note Eric Benhamou.
Le krach le plus spectaculaire concerne les cryptomonnaies, qui, loin de confirmer leur statut de valeur-refuge, contre l'inflation par exemple, s'effondrent à l'image du Bitcoin ou de l'Ethereum, les deux principales. La Banque centrale européenne (BCE), après avoir annoncé la semaine dernière une série de hausse des taux, a cependant dû se réunir en urgence pour calmer la spéculation sur les dettes des pays périphériques et réaffirmer son autorité, un peu à la façon du « What ever it takes » prononcé en 2011 par Mario Draghi, le prédécesseur de Christine Lagarde à Francfort pour empêcher l'éclatement de la zone euro. Face à la terra incognito d'une reprise inédite de l'inflation, le risque d'une fragmentation et donc d'une explosion de la monnaie unique demeure, et seule la BCE peut encore faire barrage, en annonçant sa capacité à racheter sans limites les obligations d'Etat émises par l'Italie ou la Grèce en particulier.
Pas de panique, tout est en apparence sous contrôle : Macron va pouvoir continuer de gouverner avec la droite, l'absence de majorité absolue ne changera pas fondamentalement l'orientation de sa politique économique et sociale et... fiscale. Les riches (enfin ceux qui sont revenus ou sont restés en France) peuvent dormir tranquille, on ne rétablira pas encore cette fois-ci l'ISF... Il est cependant possible que certaines baisses d'impôts pour les entreprises, notamment celle des impôts de production, soient reportées à des jours budgétaires meilleurs, comme l'écrit Fanny Guinochet. Ce qui risque de fâcher le Medef, même s'il a été bien servi jusqu'ici par la majorité macroniste.
Même si elle n'emporte pas Matignon, la perspective de voir la gauche se renforcer aux Législatives sera une épine dans le pied permanente pour Emmanuel Macron.
Grégoire Normand s'est attelé à comparer les programmes dans un jeu des sept différences entre Ensemble et la Nupes. Et il y a de quoi alimenter de longues nuits de débats enflammés à l'Assemblée nationale ! Il y aura certes plus de "bruit et de fureur" à l'Assemblée nationale avec 150 à 200 députés Nupes dont quelques têtes d'affiche qui profiteront de la visibilité pour faire entendre leur voix. Mais au gouvernement, on craint surtout le "quatrième tour social", dans la rue à la rentrée, que ce soit sur fond de revendications salariales ou d'opposition à la réforme des retraites. Mais là aussi, ce sera à la Nupes, alliance des gauches hier irréconciliables, de démontrer sa capacité à devenir un parti de gouvernement, ce que la démagogie outrancière de son programme économique actuel (250 milliards d'euros de dépenses publiques annuelles supplémentaires, censées rapporter plus encore en recettes nouvelles par le multiplicateur keynésien) ne laisse pas présager. En démocratie, l'apprentissage de l'opposition est aussi important que celui de la culture de la délibération par le pouvoir. Les deux nouveaux meilleurs ennemis, Macron et Mélenchon, ont tous deux beaucoup à apprendre de la séquence à venir, tant elle sera déterminante pour l'avenir du pays dans des circonstances et une époque difficile. Y compris à travailler ensemble ?
Car, il ne faut pas l'occulter, pour les économies européennes, et la France en particulier, Winter is coming, n'en déplaise à la canicule qui a frappé cette semaine. Le risque d'une plongée en récession en 2023 est réel et pèse sur le moral des entreprises, alors que la Russie, via Gazprom, commence à restreindre ses fournitures de gaz à la France et à l'Union européenne qui vient de lui faire un nouvel affront avec la visite de Macron, Scholz et Draghi à Zelensky ouvrant la porte à une adhésion accélérée de l'Ukraine. Piqué au vif, au Forum économique international de Saint-Pétersbourg, le Davos russe, le chef du Kremlin a assuré que, malgré les sanctions qui sont "une épée à double tranchant", la Russie sera "toujours plus forte", face à une Europe en plein déclin. Pour Poutine, "l'Europe a complètement perdu sa souveraineté", rapporte Jeanne Dussueil.
L'été sera chaud, mais espérons que l'hiver ne sera pas trop froid...



Bon week-end,



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